Léon Wuidar – Travaux sur papier

Le dimanche 27 février 2022 de 11h à 13h et de 15h à 18h.

Exposition du 27 février au 20 mars 2022
La galerie est ouverte du jeudi au samedi de 15h à 18h.
Les dimanche 27 février & 20 mars 2022 de 15h à 18h.

Travaux sur papier 

Ayant découvert un tapuscrit de 3 pages signé de Léon Wuidar et accompagné de quelques photocopies de dessins énigmatiques, j’ai voulu en savoir plus et j’ai contacté Léon qui m’a présenté sa série de « dix dessins où sont associés dix chiffres et dix lettres » datant de 1984. Cet ensemble associant son nom en dix lettres aux dix chiffres qui nous permettent de constituer l’infinité des nombres me paraissait à ce point remarquable que j’en ai parlé à mon ami éditeur et lithographe Bruno Robbe. Nous avons eu très vite l’idée de le publier sous la forme d’un portfolio qui s’intitulera « Autoportrait » comme l’artiste nous l’a proposé.  

L’œuvre de Léon Wuidar est alimenté par une méditation plasticienne sur le visible et le lisible. Il a toujours été inspiré par les caractères de l’écriture et les chiffres et a composé de nombreux abécédaires associant des lettres aux images. Dans le cas d’« Autoportrait », il s’agit donc de l’association des dix lettres constituant son nom et son prénom de la lettre L à la lettre R et les dix chiffres de 1 à 0. En passant d’un fond blanc pour la première lettre L & le premier chiffre 1 jusqu’au fond noir pour le zéro et le R final. L’évolution du blanc au (presque) noir est réalisée au moyen de fins traits d’encre passant de quelques lignes verticales qui se penchent progressivement en se multipliant jusqu’à la plus serrée des hachures possibles positionnées à l’horizontale. L’ensemble évoque le passage du début de l’existence, en position verticale, lumineuse, jusqu’à son déclin, dans la pénombre. Cet ensemble de dessins était accompagné d’un tapuscrit – ne présentant aucune rature – que nous avons décidé de reproduire en fac-similé pour le portfolio. Ce texte a été publié pour la première fois dans la revue Art&Fact en 1984.

Ce que nous connaissons surtout de Léon Wuidar, ce sont ses merveilleuses compositions géométriques de lignes et de plages de couleurs agencées avec autant de doigté que d’audace. Sa récente exposition au MAC’s a permis d’en savourer la diversité et la pertinence « à perte de vue ». 

Les mots sont fréquemment associés à l’œuvre du peintre. Les travaux sur papier de l’artiste, dessins et collages qui se trouvent dans la galerie en sont le témoignage. Jouant parfois sur ou avec les mots, leur sens, les lettres qui les composent, en les traduisant d’une langue à l’autre et en y découvrant des liens. Le travail est infini, mais se présente toujours d’une façon singulière, celui d’un regard, plein d’intelligence et de malice. La diversité des propositions qu’il nous offre est inouïe et d’une grande subtilité. Ainsi le mot univers tel qu’il nous le présente contient son expansion sur la page. Le mot « point » devient ligne en rotation et s’étend en arc sur la surface du papier. Le O du mot soleil brille de mille feux. On pourrait continuer ainsi, mais je pense que la liberté d’interprétation que nous offre l’artiste est multiple. Le sens se découvre lentement, avec l’expérience. Car Léon Wuidar n’aime pas les explications qui ont tendance à figer l’interprétation. Libre à chacun d’en découvrir la richesse. 

Lors de ma visite aux Mac’s, j’ai été une nouvelle fois impressionné par les carnets de projets de Léon Wuidar et notamment par un petit dessin où l’on peut lire À DEMI MOT associé à des plages de couleurs qui recouvrent partiellement le texte. Je l’ai trouvé tellement beau et représentatif de son œuvre que j’ai demandé à Léon s’il acceptait d’en concevoir une version lithographiée. Comme souvent le projet a évolué et il m’en a proposé une toute nouvelle qu’il a composé le 31 décembre 2021. N’ayant pu choisir nous avons donc décidé de réaliser les deux versions.

Enfin, je voudrais attirer l’attention sur le projet de logo conçu par Léon Wuidar dans les années 80 pour un festival musical. Ce petit logo me permet d’évoquer une perception très personnelle que j’ai de son travail : l’impression d’entendre de la musique. En effet, cette note dans un labyrinthe est la métaphore d’une présence musicale qui traverse selon moi toute son œuvre. Par la couleur bien sûr, mais aussi par le rythme des lignes, le sens des mots, la juxtaposition des formes…

Daniel Dutrieux, février 2022